• En ce début d’été, nous avons choisi de retourner à Berlin, pour la troisième fois. Arrivés à l’aéroport Berlin Tegel, nous avons d’abord pris le bus TXL vers une station du S-Bahn, d’où nous avons gagné un arrêt où une nouvelle correspondance vers un tramway nous attendait.

    Notre hôtel de la Prenzlauer Allee était bien situé et confortable. Après avoir posé nos bagages, nous sommes ressortis pour un rapide déjeuner à Knackstrasse. L’après-midi, nous avons rejoint le centre de la ville, à l’incontournable Alexanderplatz, toujours aussi fréquentée, et flâné dans les cours des Hackesche Höfe, un ensemble d’immeubles très soigneusement restaurés où résidaient de nombreux citoyens juifs. Notre promenade s’acheva sur les quais de la Spree, bordés de jardins ici et là, autour de l’Île aux musées.

    Le lendemain, par une journée très chaude, nous avons décidé d’aller en bus vers Wannsee, la banlieue résidentielle située au bord du lac du même nom, dans le prolongement de la Havel. En chemin, nous avons fait une courte incursion sur l’île de Lindwerder, de faible superficie, où un restaurant constitue le seul établissement public, mais, ce jour-là, la totale absence de consommateurs ne nous incita pas à y déjeuner.

    Nous avons donc repris le bac et un bus nous conduisit à Wannsee, où nous avons d’abord visité la superbe maison de Max Liebermann, un peintre qui fut l’ami de Van Gogh et en subit l’influence.

    Notre itinéraire touristique se poursuivit par la visite, beaucoup plus pathétique, de la villa où s’était déroulée en janvier 1942 la conférence, présidée par Reinhard Heydrich, l’un des plus proches collaborateurs de Hitler, destinée à organiser la « solution finale ». Les salles ouvertes à la visite ont une grande valeur didactique pour démontrer toute l’horreur de l’idéologie Nazie et le caractère abominable de la déportation et l’élimination de toute la population juive.

    Toujours à Wannsee, nous avons pris le bac vers l’Île aux Paons, la Pfaueninsel, île très verte où un petit château a été construit au XVIIème siècle, près de l’élevage des paons.

    Au centre de Berlin, nous avons encore visité quelques uns des très beaux musées, notamment l’Alte National Galerie, qui contient de nombreuses œuvres de Max Liebermann, de Caspar David Friedrich et d’Adolph Menzel, ainsi que de plusieurs peintres impressionnistes français. L’exposition de ces œuvres est très didactique, dans sa volonté de montrer la proximité relative qui unissait l’expressionnisme allemand et l’impressionnisme français.

    Autre musée à ne pas manquer, le musée historique – Historisches Museum – présente une intéressante rétrospective de l’histoire allemande au cours des siècles, et montre un film sans concessions sur le XXème siècle, exposant en détail les horreurs du nazisme.

    L’après-midi, dans le même musée, une conférence sur les différences de cultures entre la RFA et la RDA nous parut moins claire, du fait que la conférencière parlait très vite d’une voix fluette.

    Nous eûmes aussi un aperçu de la ville depuis la coupole du Berliner Dom, la grande cathédrale néo-classique du centre de Berlin.

    Berlin revisité

    Pour compléter notre connaissance de la vie juive à Berlin, nous sommes entrés dans la synagogue d’Oranienburgerstrasse, mais la visite fut assez décevante : seuls quelques objets épars sont exposés dans différentes salles, sans grandes explications. Il ne s’y trouve aucune grande salle de réunion ou de prière pourvue d’un mobilier adéquat. En revanche, la petite église Sainte Sophie, toute proche au milieu de son jardin, est un bâtiment accueillant.

    Toujours dans le même quartier, nous avons visité le petit musée Blindenwerkstatt in Haus Schwarzenberg, situé dans une cour dont les murs sont décorés de diverses peintures. Le musée rend hommage à Otto Weidt, un petit entrepreneur qui, pendant la Seconde Guerre Mondiale employa des ouvriers juifs à fabriquer des brosses et réussit à faire classer son entreprise comme stratégique par les autorités de l’Etat : il réussit ainsi à sauver de nombreuses personnes des chambres à gaz.

    Le lendemain, pour sacrifier à nos habitudes des précédents séjours à Berlin, nous sommes allés déjeuner à Savignyplatz, avant de nous adonner au shopping dans le Kurfûrstendamm.

    Pour la fin de notre séjour à Berlin, nous avons suivi une visite guidée du centre de Berlin par un jeune étudiant très dynamique qui nous fit partir de Pariserplatz, lieu stratégique adossé à la Porte de Brandebourg, bordée par l’Ambassade de France et la Légation des Etats-Unis, à deux pas de l’Ambassade de Russie, dans Unter den Linden. Il nous conduisit rapidement au mémorial de l’extermination des Juifs, situé à côté de Hannah Arendt Strasse, d’où nous avons vite gagné une place de l’ancien Berlin Est, où le régime avait construit des immeubles d’habitation de bonne qualité, toujours bien entretenus, qui entourent le point  où se situait l’entrée du bunker d’Hitler. Le tour se poursuivit vers la moderne Potsdamer Platz, près de laquelle se situe le Ministère des Finances, abrité par un immeuble construit par les Nazis.

    A deux pas, nous avons gagné Check Point Charlie, l’ancien lieu de passage entre Berlin-est et Berlin-ouest pendant la guerre froide, qui nous a semblé bien dénaturé depuis notre première visite en 1994.

    Le guide nous a aussi montré des vestiges du mur qui séparait les deux parties de Berlin, avant de nous ramener à Gendarmenmarkt, dans le centre historique, sans conteste l’une des plus belles places de la ville avec ses deux églises jumelles : l’église allemande et l’église française, construite au XVIIème siècle à l’usage des Huguenots français, émigrés après la Révocation de l’Edit de Nantes. Tout à côté, se situe également Bebelplatz, devant l’Université Humboldt, sur laquelle eurent lieu les premiers « autodafés » de livres, sous le IIIème Reich.

    Berlin revisité

    Au total, cette visite fut tout-à-fait passionnante, en raison des commentaires détaillés du guide, en allemand, que nous eûmes la satisfaction de comprendre correctement.

    Enfin, nous avons couronné notre séjour par la visite des salles d’apparat du château de Charlottenburg, que le roi de Prusse Frédéric II avait fait aménager par de grands artistes et décorer de tableaux des maîtres français qu’il appréciait.

    Ce bref sejour a conforté notre goût pour la capitale allemande, très accueillante et où les commerçants que l’on côtoie sont très aimables et professionnels.

     

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  • Bianca, jeune peintre aquarelliste, arrive dans la propriété de Brusuglio, en Lombardie, au début du XIXème siècle, à l’invitation du propriétaire, le poète don Titta.

    Sa mission est  de peindre toutes les fleurs du vaste jardin, si possible à chaque stade de leur évolution. Cette tâche apparaît titanesque, vue la multiplicité des variétés à collecter. Nous sommes au début du XIXème siècle, dans une société de riches propriétaires terriens, qui emploient un grand nombre d’ouvriers agricoles et de servantes dans leurs domaines.

    Immédiatement prise par sa tâche, Bianca observe les usages de la maison, les relations entre les maîtres et les nombreux serviteurs, et elle s’intéresse aux enfants et jeunes gens qui gravitent dans ce petit monde. Elle se lie rapidement d’amitié avec un professeur britannique, Stuart Aaron James Innes : celui-ci est devenu le précepteur des enfants du maître de maison.

    La progression du travail de Bianca est très lente, ce qui confère au roman un rythme étrangement stable. La peinture des fleurs s’accommode de l’avancement régulier des saisons, tout en laissant à l’artiste le loisir d’observer les mouvements des habitants de la propriété et, en particulier, de se lier avec une toute jeune servante dénommée Pia.

    Le statut de celle-ci dans la maison lui semble étonnant. Elle ne peut s’empêcher d’accumuler toutes les remarques qui lui viennent à l’esprit et de soupçonner un secret de famille enseveli au plus profond des consciences.

    Ainsi ce roman évolue-t-il innocemment de la botanique à une ébauche d’enquête de détective improvisée.

    Les ruptures se produisent autant dans la méthode de peinture des plantes que dans la recherche des faits cachés au plus profond des familles. Le lecteur est constamment tenu en haleine, au fil des événements cruels ou simplement tristes, et de la progression du catalogue des planches de fleurs. Il convient d’entrer dans ce roman selon son rythme, avec une sereine lenteur, et de se laisser porter par le flot des événements, dont les dénouements peuvent laisser au lecteur une forte odeur de pourriture.

    La personnalité attachante de Bianca confère à l’ensemble de l’ouvrage une tonalité très largement féminine, enrichie de toutes les facettes que cette héroïne malgré elle dévoile lentement au lecteur, en même temps qu’à ses interlocuteurs de cette sombre famille de poètes exploitants agricoles.

     

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