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    Alamut est une forteresse située dans le nord de l’Iran. Au XIème siècle, c’est le refuge de la secte chiite des Ismaéliens, dirigée par Hassan Ibn Saba, qui se fait aussi appeler Seiduna. Ce dernier, autoproclamé chef des Haschichins  - ou Assassins – règne en despote sur un groupe de jeunes gens et de jeunes filles entièrement à sa merci.

     

    Doté d’une vive intelligence, Ibn Saba sait aviver l’adhésion de ceux qui vont le rejoindre par la critique des autres pouvoirs islamiques, en particulier celui des Turcs Seldjoukides qui dominent alors toute la région.

     

    Ce dictateur parvient ainsi à anéantir tout sens critique chez ses adeptes, qu’il convainc facilement de sacrifier leur vie pour gagner le paradis. Particulièrement habile, il sait leur donner un avant-goût de celui-ci en les conviant à des nuits de débauche dans les magnifiques jardins aménagés à côté de la forteresse, où les jeunes filles, abandonnant provisoirement les règles religieuses très strictes de la secte, s’offrent aux jeunes gens venus s’enrôler dans le combat contre les ennemis turcs.

     

    Usant de toutes les formes de la mystification, le dictateur pousse ses adeptes à combattre les ennemis et à assassiner traitreusement leurs chefs lorsque le besoin s’en fait sentir.

     

    Ce roman publié en 1938 par un romancier slovène, admirablement exposé, entre évidemment en résonance avec les récents attentats islamistes commis dans nos régions. Il contient une description minutieuse des moyens qui conduisent à retourner totalement la personnalité d’individus ordinaires, tentés par le combat contre les ennemis supposés de la secte, c’est-à-dire ceux que leur chef leur a désignés.

     

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  • Au Moyen-âge, la plupart des penseurs écrivent en arabe, quelles que soient leur religion et leurs croyances. Jusqu’au XIVème siècle, ils s’inspirent principalement de la philosophie d’Aristote. L’influence d’Aristote s’exerce dans la plupart des domaines au sein du monde arabe :

    -       La théorie de la science, pour laquelle la pensée d’Aristote est une référence

    -    Les débuts de l’étude de la philosophie : essentiellement la logique, dans laquelle Aristote était considéré comme le grand maître.

    L’étude de Platon ne venait qu’après : elle était enseignée par les néo-platoniciens, qui lisaient Aristote avec les lunettes de Platon.

    Al-Fârâbî, de son vrai nom Abounas Mohamed, qui était d’origine turque, a vécu à Damas, où ses œuvres ont été écrites en syriaque – et non en arabe -, puis à Bagdad, où tous ses textes ont été traduits en arabe, Bagdad étant devenu le principal centre intellectuel entre les 8ème et 18ème siècles.

    Al-Fârâbî, né vers 870 et mort en 950, connaissait plusieurs langues, ce qui lui permettait de lire sans difficulté les textes des philosophes grecs antiques. Pour lui, Aristote et Platon représentaient une même école de pensée, exprimée de façon différente.

    Al-Fârâbî a rédigé un Traité des opinions des habitants de la Cité vertueuse, dans lequel il considère cette cité comme « un corps sain dans lequel tous les organes collaborent afin d’assurer l’accomplissement et la conservation de la vie biologique. »

    Il effectue ainsi un rapprochement entre la vie de la cité et le fonctionnement du corps humain. Cette méthode lui permet de présenter un tableau hiérarchisé des différentes fonctions présentes dans la vie de la cité. Il existe ainsi une hiérarchie de fait que les habitants sont enclins à respecter, en s’assimilant les uns et les autres aux différentes classes de la société. Pour Al-Fârâbî, cette hiérarchie de la société est un reflet du corps humain, dont les fonctions sont hiérarchisées selon le degré de noblesse par lequel elles agissent.

    Au sommet de la hiérarchie figure le chef de la cité vertueuse, qui doit rassembler dans sa personne douze qualités innées. Il est donc très difficile de trouver un homme qui réponde à ces critères.  C’est pourquoi, en cas de carence, un deuxième chef sera nommé, qui devra réunir au moins six conditions :

    -         Être sage ;

    -         Connaître les lois ;

    -      Exceller dans la déduction de ce qui n’a pas été conservé des anciens ;

    -    Avoir une excellente vision et une puissante déduction du présent ;

    -         Exceller dans l’art de diriger par la parole ;

    -      Etre doté d’une excellente fermeté du corps pour entreprendre des actions militaires, et posséder l’art de la guerre.

    Avec Al-Fârâbî, un changement s’opère dans la compréhension de l’éthique. « Alors que l’éthique était avant tout destinée à enseigner aux hommes le détachement d’avec les choses mondaines, elle revêt désormais une dimension politique : le bien fait l’objet de l’éducation, destinée à implanter les vertus dans le cœur des citoyens, comme il l’explique dans le cours de son commentaire de Platon. »

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  • Sous ces deux titres similaires, Schopenhauer a écrit deux études complémentaires sur des questions auxquelles les êtres humains sont tous confrontés.  

    Pour la première, la thèse est claire : les jeunes gens à l’adolescence ressentent une attirance envers telle ou tel partenaire pour des motifs relatifs à l’aspect physique et, éventuellement, aux qualités morales. Ceux-ci peuvent également être complétés par le niveau de fortune de la famille et l’éducation reçue.

    Pour Schopenhauer, ces motifs sont illusoires. Sans en être conscients dans la plupart des cas, la principale force qui unit deux jeunes gens est le besoin de perpétuer l’espèce. Ainsi, tout le romantisme qui a prévalu surtout au XIXème siècle, à l’époque où vivait Schopenhauer, est battu en brèche. Bien loin de toutes les étapes traditionnelles de l’idylle amoureuse, le projet collectif de toute l’humanité demeure la perpétuation du genre humain, et quels que soit les éléments supposés qui ont prévalu aux unions, le résultat est clairement annoncé.

    Schopenhauer ne prend même pas la peine d’aborder la question des couples qui, à l’encontre de leurs désirs, ne peuvent avoir d’enfants : dans sa logique, il ne doit s’agir que d’accidents de l’Histoire de l’humanité.

     

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    La deuxième étude procède d’une logique tout aussi assumée par l’auteur pour établir que la vie d’un individu ne commence pas à sa naissance et ne se termine pas à son décès mais résulte là encore d’un processus général, selon lequel toute vie est le fait d’un phénomène global. Avant même sa naissance, durant sa gestation, l’individu appartient déjà à l’espèce humaine. Son existence, plus ou moins longue selon les cas, est régie par les hasards de la vie humaine, mais son terme, la mort, pour Schopenhauer, n’est rien. Avant la naissance de l’individu, celui-ci n’était rien, et après son décès il redevient ce rien.

    Chaque être humain, qui n’est qu’un élément de l’espèce parmi une multitude d’autres, « ne peut être que fini. » Après sa mort, tout ce qui constituait son caractère et son individualité disparaît, se confondant à l’individualité de tous les autres, dont il est indiscernable.

    Ainsi, la thèse de Schopenhauer aboutit à une forme d’athéisme particulièrement rigoureuse.

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