• L’Horloger aveugle est un livre de vulgarisation destiné à expliquer le fonctionnement de la théorie  de l’évolution par les moyens de la sélection naturelle, telle qu’elle avait été définie par Charles Darwin.

    Evoquant différentes questions, principalement dans le monde animal, mais aussi dans le domaine végétal, l’auteur s’efforce de démontrer que l’évolution des espèces procède de la sélection naturelle générée le plus souvent par de petites modifications infimes du comportement des espèces, sans aucune intention de la part des agents de ces évolutions. Il peut s’agir d’animaux modifiant à un moment donné leur comportement de façon marginale, évidemment sans se douter des conséquences importantes sur leur existence ultérieure, et, surtout, sur celle de leurs successeurs, de la variante qu’ils peuvent initier sur leurs usages ancestraux.

    Au-delà du monde animal, cette forme d’évolution naturelle concerne aussi la végétation et, en particulier, les forêts, au sujet desquelles l’auteur expose de façon détaillée comment la hauteur des arbres peut se réduire sur toute une population, évidemment sans qu’aucune décision ne soit prise en conscience de cause par les agents végétaux concernés.

    Tout cet essai à visée scientifique doit se lire avec attention pour bien en saisir le fil conducteur, appliqué dans ses différents domaines. Il s’agit véritablement d’un ouvrage de fond, dont la lecture, qui nécessite une forte concentration, risque de modifier profondément l’image de la nature que les lecteurs non familiers de ces sujets  pourraient conserver.

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  • Dans son Livre de la guérison, Avicenne, de son vrai nom Ibn Sina, né en 980 et mort en 1037, grand penseur universel d’origine persane, évoque des questions de métaphysique.

    Il distingue, près de neuf cents ans avant Sartre, l’essence d’une chose de son existence. Cette distinction lui a été inspirée par les réflexions d’Aristote sur la connaissance. Pour ce dernier en effet, si l’on souhaite connaître une chose, il est nécessaire de se demander « si c’est et ce que c’est. »

    Par cette démarche, Avicenne entend distinguer que « la nature de toute chose qui lui est propre est autre que l’existence, qui est synonyme d’affirmation. »

    Cependant, Avicenne reconnaît qu’une chose, ce sur quoi on porte une énonciation, peut néanmoins ne pas exister absolument. En effet, il est possible qu’une chose soit établie dans l’esprit et n’existe pas dans les choses extérieures. »

    Partant de cette réflexion, Avicenne affirme dans son Livre des directives et des remarques, que les jugements moraux sont des propositions acceptées par tous, et non des principes élaborés par la raison.

     

    Tout ce cheminement de la pensée montre qu’Avicenne, en plus de sa lecture de Platon et d’Aristote, s’appuyait sur sa pratique de médecin pour élaborer sa réflexion philosophique propre.  

     

     

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  • Au Moyen-âge, la plupart des penseurs écrivent en arabe, quelles que soient leur religion et leurs croyances. Jusqu’au XIVème siècle, ils s’inspirent principalement de la philosophie d’Aristote. L’influence d’Aristote s’exerce dans la plupart des domaines au sein du monde arabe :

    -       La théorie de la science, pour laquelle la pensée d’Aristote est une référence

    -    Les débuts de l’étude de la philosophie : essentiellement la logique, dans laquelle Aristote était considéré comme le grand maître.

    L’étude de Platon ne venait qu’après : elle était enseignée par les néo-platoniciens, qui lisaient Aristote avec les lunettes de Platon.

    Al-Fârâbî, de son vrai nom Abounas Mohamed, qui était d’origine turque, a vécu à Damas, où ses œuvres ont été écrites en syriaque – et non en arabe -, puis à Bagdad, où tous ses textes ont été traduits en arabe, Bagdad étant devenu le principal centre intellectuel entre les 8ème et 18ème siècles.

    Al-Fârâbî, né vers 870 et mort en 950, connaissait plusieurs langues, ce qui lui permettait de lire sans difficulté les textes des philosophes grecs antiques. Pour lui, Aristote et Platon représentaient une même école de pensée, exprimée de façon différente.

    Al-Fârâbî a rédigé un Traité des opinions des habitants de la Cité vertueuse, dans lequel il considère cette cité comme « un corps sain dans lequel tous les organes collaborent afin d’assurer l’accomplissement et la conservation de la vie biologique. »

    Il effectue ainsi un rapprochement entre la vie de la cité et le fonctionnement du corps humain. Cette méthode lui permet de présenter un tableau hiérarchisé des différentes fonctions présentes dans la vie de la cité. Il existe ainsi une hiérarchie de fait que les habitants sont enclins à respecter, en s’assimilant les uns et les autres aux différentes classes de la société. Pour Al-Fârâbî, cette hiérarchie de la société est un reflet du corps humain, dont les fonctions sont hiérarchisées selon le degré de noblesse par lequel elles agissent.

    Au sommet de la hiérarchie figure le chef de la cité vertueuse, qui doit rassembler dans sa personne douze qualités innées. Il est donc très difficile de trouver un homme qui réponde à ces critères.  C’est pourquoi, en cas de carence, un deuxième chef sera nommé, qui devra réunir au moins six conditions :

    -         Être sage ;

    -         Connaître les lois ;

    -      Exceller dans la déduction de ce qui n’a pas été conservé des anciens ;

    -    Avoir une excellente vision et une puissante déduction du présent ;

    -         Exceller dans l’art de diriger par la parole ;

    -      Etre doté d’une excellente fermeté du corps pour entreprendre des actions militaires, et posséder l’art de la guerre.

    Avec Al-Fârâbî, un changement s’opère dans la compréhension de l’éthique. « Alors que l’éthique était avant tout destinée à enseigner aux hommes le détachement d’avec les choses mondaines, elle revêt désormais une dimension politique : le bien fait l’objet de l’éducation, destinée à implanter les vertus dans le cœur des citoyens, comme il l’explique dans le cours de son commentaire de Platon. »

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  • Sous ces deux titres similaires, Schopenhauer a écrit deux études complémentaires sur des questions auxquelles les êtres humains sont tous confrontés.  

    Pour la première, la thèse est claire : les jeunes gens à l’adolescence ressentent une attirance envers telle ou tel partenaire pour des motifs relatifs à l’aspect physique et, éventuellement, aux qualités morales. Ceux-ci peuvent également être complétés par le niveau de fortune de la famille et l’éducation reçue.

    Pour Schopenhauer, ces motifs sont illusoires. Sans en être conscients dans la plupart des cas, la principale force qui unit deux jeunes gens est le besoin de perpétuer l’espèce. Ainsi, tout le romantisme qui a prévalu surtout au XIXème siècle, à l’époque où vivait Schopenhauer, est battu en brèche. Bien loin de toutes les étapes traditionnelles de l’idylle amoureuse, le projet collectif de toute l’humanité demeure la perpétuation du genre humain, et quels que soit les éléments supposés qui ont prévalu aux unions, le résultat est clairement annoncé.

    Schopenhauer ne prend même pas la peine d’aborder la question des couples qui, à l’encontre de leurs désirs, ne peuvent avoir d’enfants : dans sa logique, il ne doit s’agir que d’accidents de l’Histoire de l’humanité.

     

    ***

    La deuxième étude procède d’une logique tout aussi assumée par l’auteur pour établir que la vie d’un individu ne commence pas à sa naissance et ne se termine pas à son décès mais résulte là encore d’un processus général, selon lequel toute vie est le fait d’un phénomène global. Avant même sa naissance, durant sa gestation, l’individu appartient déjà à l’espèce humaine. Son existence, plus ou moins longue selon les cas, est régie par les hasards de la vie humaine, mais son terme, la mort, pour Schopenhauer, n’est rien. Avant la naissance de l’individu, celui-ci n’était rien, et après son décès il redevient ce rien.

    Chaque être humain, qui n’est qu’un élément de l’espèce parmi une multitude d’autres, « ne peut être que fini. » Après sa mort, tout ce qui constituait son caractère et son individualité disparaît, se confondant à l’individualité de tous les autres, dont il est indiscernable.

    Ainsi, la thèse de Schopenhauer aboutit à une forme d’athéisme particulièrement rigoureuse.

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  • Dans cet essai, Freud, comme il l’avait déjà initié dans Totem et Tabou, entreprend de traiter d’une question de civilisation et d’histoire. Partant de la situation de l’enfant Moïse déposé dans un panier sur les flots du Nil peu après sa naissance, Freud procède à l’analyse de sa biographie.

    Sachant par l’Histoire officielle que le petit Moïse aurait été sauvé des eaux et recueilli par une princesse égyptienne, Freud déduit que l’enfant aurait été élevé à la cour du Pharaon et, selon lui, cet enfant qui bénéficia d’une telle chance, était un petit Egyptien. Le hasard voulut qu’au moment où Moïse bénéficiait de la protection de la princesse, le nouveau Pharaon était Akhenaton, qui fut un grand réformateur de la religion égyptienne, imposant à son peuple l’abandon de la religion traditionnelle au profit d’une nouvelle religion, le culte d’Aton, qui avait la particularité d’être la première religion monothéiste de l’Histoire de l’humanité.

    Le jeune Moïse aurait repris à son compte l’enseignement d’Akhenaton et, observant qu’en Egypte vivait une catégorie de parias nommés « les Juifs », il décida de les prendre en charge pour les conduire vers une terre plus hospitalière et, par la même occasion, de leur enseigner les bienfaits de la religion monothéiste, en vue de les convertir.

    Séduits par le discours de cet homme fort, les Juifs acceptèrent de suivre Moïse en direction de la terre de Canaan. A ce stade, le propos de Freud rejoint le texte biblique. Seulement, au terme de cette migration, excédés par toutes les injonctions que leur adressait leur chef, déjà considéré comme le père de leur peuple, les Juifs emmenés par Moïse décidèrent de le tuer. C’est ainsi que le judaïsme, que les Juifs conservèrent après le meurtre de Moïse, serait la première religion monothéiste fondée sur le thème du meurtre du fils, Moïse pouvant être considéré comme le fils du fondateur Akhénaton.

    Naturellement, cette histoire repose sur un grand nombre d’hypothèses que Freud s’efforce d’étayer à  partir de ses propres découvertes dans le domaine qu’il créa lui-même, la psychanalyse.

    Ainsi, comme dans Totem et Tabou, Freud appuie ses déductions sur les schémas de l’analyse du psychisme, ce qui peut leur conférer une certaine crédibilité, sans qu’aucune démonstration ne puisse en attester la véracité sur le plan historique.

     

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