• Le Journal du séducteur – Soeren Kierkegaard

    Le séducteur de Kierkegaard est un individu méthodique. Il ne laisse rien au hasard et se prépare toujours à toutes les situations en vue d’un but prédéterminé.

    Ayant réussi à faire connaissance avec la jeune Cordélia, il entreprend de la séduire en analysant constamment le contexte et les actes. Très attaché au développement de la féminité de sa cible, il utilise les moyens les plus détournés pour parvenir à ses fins.

    Prétendant aider un concurrent moins avisé à nouer une relation avec Cordélia, il organise toute sa stratégie de façon à la conduire à l’échec, inexorablement, tout en affichant sa complaisance au service de son obligé. Comme un militaire en campagne, il cherche à tromper sa victime et ses adversaires, et il y parvient remarquablement.

    Néanmoins, au fil de son entreprise de séduction, nous sommes amenés à nous demander quel est le but de son activité, car au fond de lui-même, il semble plutôt détaché du projet qu’il a énoncé. A aucun moment il ne semble vouloir nouer une relation équilibrée avec Cordélia. Son habileté lui permet de la séduire temporairement, mais il semble aussitôt se détourner de celle qui a concentré toute son attention durant la phase de conquête. Après avoir longtemps insisté sur le développement de l’érotisme des situations, il détend formellement les liens, se montre froid à l’égard de Cordélia devenue sa fiancée, tout en expliquant dans son journal toutes les étapes à franchir avant d’atteindre son but.

    Nous sommes donc conduits à nous interroger si le philosophe danois, précurseur de l’existentialisme, n’a pas pour but d’exposer un cas pathologique de séducteur frappé par son impuissance sexuelle. Penseur avisé, organisateur retors, celui-ci paraît accablé lorsque le but ultime de la relation amoureuse se présente.

     

    Il effectue alors des manœuvres tout aussi tortueuses pour briser les liens difficilement noués, de façon à pouvoir relancer la séduction sur un autre front, sans guère se préoccuper de la souffrance qu’il inflige ainsi à sa victime. Le séducteur réalise donc, aux dépens d'autrui, sa subjectivité propre, selon les préceptes de la philosophie de son auteur.

    Dans cette optique, tout cet ouvrage peut alors être considéré comme une vivante illustration des principes philosophiques du penseur Kierkegaard.

     

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