• Les Géorgiques – Claude Simon

    Pour son plus long roman, Claude Simon a choisi de reprendre le titre du célèbre poème de Virgile qui traite des travaux de la terre. Comme ce roman évoque en particulier une histoire de la famille de Claude Simon, et que sa famille, au XVIIIème siècle, possédait des terres, il est possible de retrouver la motivation de ce titre : c’est un premier pas.

    Au fil de la narration, le lecteur comprend progressivement qu’il est invité à démêler trois intrigues distinctes, sans transition particulière, si ce n’est qu’à chaque changement d’intrigue, la typographie du texte varie.

    L’une des intrigues relate les principaux événements de la vie du général révolutionnaire Jean-Pierre Lacombe-Saint-Michel, abrégé en LSM. Ce général était un ancêtre de Claude Simon. La seconde intrigue traite de la Guerre d’Espagne, à partir de 1936, et en particulier des milices républicaines dans lesquelles Claude Simon, comme le  romancier britannique George Orwell, s’était engagé. Cet épisode avait déjà été raconté dans le roman Le Palace. Enfin, la troisième intrigue concerne la campagne de 1940 en Lorraine, lors de laquelle Claude Simon avait été mobilisé et qu’il avait déjà évoquée dans son roman La Route des Flandres.

    Ainsi, le lecteur se pénètre progressivement de la construction du roman qui mélange l’Histoire avec un grand H, le vécu de l’auteur et de sa famille et les travaux agricoles au sein de la propriété de l’aïeul.

    C’est l’occasion pour Claude Simon, dans le chapitre consacré à la campagne de 1940, de formuler une critique particulièrement forte de l’impéritie du commandement de l’armée française en 1940. C’est l’une des plus farouches mises en cause de la responsabilité de l’armée qu’on puisse lire, tout à fait comparable par sa puissance à la description du fonctionnement de la même armée par Céline.

    Cependant, le thème central demeure l’épopée familiale et l’action de l’ancêtre LSM, général révolutionnaire et membre de la Convention, qui épousa une femme issue de la noblesse, alors que celle-ci était menacée d’un procès en raison de ses origines aristocratiques.

    Au cours du développement, le lecteur est appelé à lire toute la correspondance que ce général LSM adressa à la gouvernante de sa propriété, surnommée Batti, pour lui donner ses instructions quant à la mise en culture des terres, insistant lourdement sur les quantités de grains et de vin à obtenir, sur le soin à apporter aux haies, sur la taille des acacias et des autres arbres.

    Cette volumineuse correspondance, pimentée de critiques virulentes adressées à la gouvernante, suffit à justifier le titre du roman.

    Dans cette histoire familiale vient encore se greffer une sombre affaire de captage d’héritage et de violation de la dépouille du général après son décès, ainsi que le sort du frère du général, qui ne partageait ni les goûts, ni les choix politiques de son aîné.

    Ainsi le lecteur, qui doit nécessairement conserver son attention tout au long de sa lecture, pénètre cette sombre histoire, magistralement exposée, au fur et à mesure de l’avancée des campagnes militaires et des travaux de la ferme.

     

     

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    Le Vent, Tentative de restitution d’un retable baroque – Claude Simon

     

    Le Palace – Claude Simon

     

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    La route des Flandres – Claude Simon

     

    L’Invitation – Claude Simon

     

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