• Hrabal, dans ce roman, s’adresse à une jeune fille en un long monologue où il étale toute sa vie, sans ordre et sans retenue. Ses nombreuses aventures amoureuses sont exposées dans les termes les plus crus, ses activités professionnelles aussi, et il ressort de ce texte une grande drôlerie, souvent couplée à une forme de vulgarité très assumée. C’est drôle et loufoque d’un bout à l’autre, selon l’habitude de Hrabal, mais plus encore que dans ses autres romans, ou son autobiographie intitulée Les Noces dans la maison.

    A la fin de la lecture, reste une impression de grand défoulement burlesque, sous une forme très littéraire.

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  • A la fin d’une soirée, le narrateur fit connaissance avec un autre invité. Celui-ci l’aborda, lui précisant qu’il était resté seul dans la pièce voisine avec sa petite amie. Cette confidence ennuya le narrateur qui s’apprêtait à partir, et il fit part à son interlocuteur du désagrément que lui procuraient de telles précisions reçues de la part d’un inconnu, alors que lui-même était resté seul toute la soirée, assis devant un verre.

    Le narrateur accepta néanmoins de partir avec son interlocuteur, malgré le froid, et la neige qui couvrait le sol. Une fois dehors, il fut heureux de marcher dans les rues, « envahi d’une immense gaieté », alors que son ami marchait sans mot dire. Il accéléra le pas et l’ami lui demanda son avis sur la soubrette qui l’avait embrassé dans le corridor de l’appartement de leurs hôtes.

    Le narrateur supputa alors toutes sortes d’aventures vécues par son nouvel ami auquel il commençait à s’attacher, et il s’imagina que celui-ci raconterait à la soubrette le retour en commun après la soirée.

    Cependant, au fil de la marche, ses sentiments à l’égard de son compagnon évoluèrent, et l’amenèrent même à envisager de se faire assassiner par celui-ci.

    La vue d’un agent de police provoqua une panique chez le narrateur : on le voit, sa raison faiblissait rapidement.

    Par la suite, le narrateur semble avoir perdu de vue son compagnon et se trouver dans une forêt accidentée où, dans la nuit, il a des visions sans doute produites par son imagination.

    Il déclare alors  rencontrer un obèse soutenu par ses compagnons porteurs, qui tentent de faire traverser le fleuve à celui-ci, mais finissent par être submergés par les eaux. L’obèse en revanche continue d’être emporté par le courant. Il demande formellement au narrateur de cesser de s’occuper de lui et de vouloir le sauver. Il se résigne à la fatalité de la noyade, qu’il considère être due à la vengeance de l’eau et du vent.

    Changeant de sujet, l’obèse raconta au narrateur sa rencontre et ses conversations avec un dévot qui fréquentait régulièrement une église où l’obèse avait pris l’habitude d’observer une jeune fille qui ne le prenait pas au sérieux.

    Cependant, le narrateur est interrompu par un ivrogne qui lui parle de Paris. Un dialogue s’établit ensuite entre l’obèse et le dévot, avec force larmes de la part de l’obèse. Les échanges sont touffus et plutôt inconsistants. A la fin, l’obèse dut interrompre son récit et disparaître.

    Ainsi, le combat auquel assiste le lecteur ne revêt aucun caractère proprement physique. Il s’agit plutôt d’un combat de prise de parole par des interlocuteurs qui ne s’écoutent guère et sont capables de bifurquer sur n’importe quel thème au cours de leurs conversations, avant de s’écrouler en larmes sans motif apparent.

    Le lecteur peine à trouver ce qui lie ces personnages entre eux, alors qu’eux-mêmes perdent le fil de leur dialogue et ne manifestent guère d’intérêts communs. Il semble néanmoins que ces dialogues soient des exercices au cours desquels chaque interlocuteur cherche à prendre le dessus sur son partenaire, sans pour autant énoncer de raisons probantes.

     

     

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  • Ferdydurke, le premier roman écrit par Witold Gombrowicz, donne tout de suite le ton de l’œuvre à naître de son auteur : il s’agît notamment de tourner en dérision certaines attitudes humaines, à l’occasion de la description d’une forme exemplaire de lutte des classes à l’intérieur des milieux ruraux de la Pologne.

    Dans ce roman, Gombrowicz introduit deux concepts qui deviennent fondamentaux pour lui : la gueule et le cucul.

    La gueule désigne l’image que les individus veulent donner d’eux-mêmes, le plus souvent de façon mensongère.

    Le cucul est le complément de la gueule. L’expression désigne la propension des individus à demeurer dans l’immaturité tout au long de leur existence.

    En s’appuyant sur ces deux concepts forgés pour les besoins de sa narration, Gombrowicz décrit les misères de la paysannerie de son pays, et sa tendance à tomber dans le déclin et la déliquescence.

    Les ouvriers agricoles et les domestiques sont maltraités. Les maîtres sont inconséquents et deviennent généralement autoritaires sans motifs précis.

    Tout au long d’une rédaction riche de toutes sortes d’inventions de langage, l’auteur dresse un tableau assez accablant des malheurs du monde agricole dans les campagnes de son pays.

    L’inventivité de la narration rend cette œuvre particulièrement séduisante aux amateurs d’un langage neuf.

     

     

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  • Ce roman nourri de souvenirs de jeunesse, dans la Tchécoslovaquie d’avant la Seconde Guerre mondiale, présente une image très attachante d’un bourg où tous les habitants se connaissent, où chacun a ses propres occupations professionnelles, sa vie personnelle, ses amours et ses distractions.

    Comme toujours assez provocateur, Hrabal présente ses deux personnages principaux, les deux frères qui gèrent une petite entreprise de réparation automobile, comme des forcenés, l’aîné, chef de l’entreprise, mécanicien talentueux qui vient à bout de n’importe quels moteurs ou pièces automobiles, et le cadet, Pépi, individu loufoque, toujours attiré par les jeunes femmes, mariées ou non, et rendant la vie difficile à sa famille.

    La tendresse évidente qui nourrit la description de cette famille dans son milieu montre que les aventures des deux frères ne relèvent pas entièrement de l’imagination de leur auteur, mais qu’une large part, magnifiée par le caractère farfelu des faits présentés,  est tirée d’une expérience authentiquement  vécue, comme le démontrent les allusions à la guerre, à la famille et aux amours prêtées au cadet de la famille.

     

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  • Le verdict est l’une des premières nouvelles dont Kafka fut suffisamment satisfait. Écrite d’une traite au cours d’une nuit de 1912, au début de sa relation avec Felice Bauer, elle met en scène un fils et son père avec, en arrière-plan, les figures d’un ami, expatrié à Saint Pétersbourg, et de la fiancée du fils. L’ami, après des débuts prometteurs dans son entreprise commerciale, connaissait des difficultés et le jeune Georg Bendemann, qui venait de terminer de lui écrire une lettre, réfléchissait à sa situation avec le souci de ne pas le froisser. Rempli de sollicitude grâce à l’assurance procurée par sa propre position à la tête d’une affaire de négoce prospère dont il avait récemment repris les rênes à son père vieillissant, il hésitait à lui envoyer la lettre, à lui conseiller de revenir au pays, alors que quelques années plus tôt, après le décès de sa mère, c’est l’ami qui l’avait invité à le rejoindre à Pétersbourg. Il en conclut qu’à un ami en telle détresse il était impossible de faire part de nouvelles sérieuses, et il se contentait de lui annoncer des événements insignifiants, comme des fiançailles. Ainsi dans la présente lettre lui annonçait-il ses propres fiançailles avec une jeune fille d’une famille riche.

    Au terme de ses réflexions, il alla voir son père dans sa chambre. Le père le reçut froidement, rappelant sa propre mise à l’écart depuis la mort de la mère, ainsi que tous les faits qui lui furent cachés, et lui demandant brusquement si l’existence de l’ami de Pétersbourg était bien réelle.

    A partir de là se développe un véritable combat entre le père et le fils. Le père, malgré le poids des ans, domine totalement son fils tourmenté par la mauvaise foi et le condamne à la noyade sous l’accusation de tromperie et de luxure.

    Sans hésitation, Georg courut à la rivière, sauta le garde-fou et se laissa tomber, alors qu’ « il y avait sur le pont une circulation littéralement folle ».

    Avec une remarquable économie de moyens, Kafka exprime puissamment l’opposition père-fils, en faisant écho implicitement à la théorie freudienne de la tribu primitive dominée par le chef qui s’attribue le monopole des relations sexuelles, châtiant impitoyablement les contrevenants (Totem et Tabou, Freud 1913). Ce qu’il y a de plus étrange dans la nouvelle, c’est l’absence d’hésitation du fils à exécuter le verdict du père.

    La rédaction de cette nouvelle, néanmoins, ne permit pas à Kafka d’exorciser complètement le conflit père-fils, puisqu’il dut encore rédiger en 1919 la fameuse Lettre au père, qui ne fut jamais envoyée à son destinataire.

     

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