• Dans les Années 1920, Joseph Roth, écrivain autrichien, séjourna à Berlin et il en profita pour publier des articles décrivant les tensions qui marquaient la société berlinoise à cette époque.

    Attentif à tous les aspects de la vie des Berlinois, il en dressa un tableau minutieux, sans oublier de monter l’ascension de ce qui allait devenir le parti nazi. Il insistait sur la pression qui déjà marquait les citoyens d’origine juive, et décrivait tout le petit peuple berlinois, en attachant un intérêt particulier aux délinquants et aux gens en marge.

    Ses articles se caractérisaient souvent par un humour grinçant, pointant les bizarreries de la vie dans la capitale allemande.

    L’aspect physique de la grande cité est aussi décrit dans ses chroniques, au même titre que les activités délictueuses de certains de ses habitants.

    Au total, il s’agît d’un brillant tableau d’une grande ville à un moment particulièrement sensible de son histoire, que l’auteur comprit mieux que la plupart de ses contemporains.

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    La Marche de Radetzky – Joseph Roth

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  • Ce roman écrit par Flaubert en 1838, à dix-sept ans, est sa première œuvre littéraire. Véritable roman de formation, dans lequel l’auteur évoque son enfance, marquée par les sarcasmes de ses camarades de collège, il permet aussi à son jeune auteur d’évoquer la passion qu’il éprouva pour une femme mariée, Elisa Schlesinger, qui resta sans doute le modèle de l’amour de sa vie. Cet épisode se situait sur les plages de Normandie, lors de vacances passées à Trouville. Leurs échanges portent notamment sur leurs goûts littéraires, même si l’adolescent ressent un véritable amour pour son égérie, qu’il n’osa pas exprimer ouvertement.

    Un jour, il entendit les échos des ébats d’Elisa avec son mari, ce qui probablement l’empêcha de déclarer son amour. Après le départ d’Elisa, il retourna hanter la plage où il l’avait rencontrée initialement.

    Il s’agît d’un beau roman de formation, pour un tout jeune adolescent, promis à la gloire littéraire.

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  • Des relations ont été nouées entre Michel Leiris, Jean-Paul Sartre et Nathalie Sarraute. En particulier, la relation de cette dernière à Sartre a été importante. Nathalie Sarraute avait lu Les Mots.

    Elle publia Enfance en 1983, lorsqu’elle avait 82 ans, et continua à écrire ultérieurement. Cet ouvrage retrace son évolution depuis sa naissance à Ivanovo, en Russie, en 1900, sous le nom de Natacha Tcherniak. Son père était un scientifique, alors que sa mère écrivait des romans et des contes. En 1989, elle publia encore Tu ne t’aimes pas, qui exprime une forme de narcissisme inversé.

    Après la séparation de ses parents, la jeune Natacha suivit sa mère à Paris, dans le Vème arrondissement, avec le nouveau mari de celle-ci, un jeune étudiant russe. Natacha rejoint plusieurs fois son père, soit en Suisse, soit en Russie, puis à Paris.

    En 1906, elle suivit sa mère, qui décida d’aller vivre à Saint Pétersbourg, et s’en retourna à Paris trois ans plus tard pour retrouver son père avec sa seconde femme.

    Après cinq années de séparation, ses retrouvailles avec sa mère tournent court. Natacha poursuit ses études au lycée Fénelon et elle commence à écrire, sur l’incitation de son professeur de français.

    En 1920, elle passa son baccalauréat et réussit une licence d’anglais, qu’elle alla compléter à Oxford.

    Après quelques nouveaux séjours à Paris, puis à Berlin, elle s’inscrit en droit à Paris, où elle rencontre Raymond Sarraute, qu’elle épousa en 1925. Ils auront trois filles et elle devint avocate.

    Ultérieurement, elle abandonna sa profession pour se consacrer à l’écriture. Elle publia d’abord Tropismes dans les années 1930, avant de refaire un voyage en Russie. Tropismes ne connut le succès que quelques années plus tard.

    Pendant la seconde Guerre mondiale, Nathalie Sarraute, malgré son ascendance juive, refusa d’aller se réfugier en Suisse comme le firent son père et sa belle-mère. Elle fut contrainte de se cacher dans la vallée de Chevreuse.

    Après la Guerre, peu à peu le succès vint, avec Portrait d’un inconnu, préfacé par Sartre, puis Martereau.

    Ses essais des années 1940 à 1950, réunis sous le titre l’ère du soupçon seront reconnus ultérieurement comme les débuts du Nouveau Roman.

    Ce sera le déclenchement d’une notoriété croissante, qui accompagnera la publication d’un grand nombre  de romans et pièces de théâtre.

    Elle prit ses distances avec Sartre ainsi qu’avec Michel Leiris. Pour sa part, elle ressentait une impossibilité d’envisager une confession sexuelle. Cependant, elle connut des épisodes communs à ses devanciers : en particulier elle subit l’opération des végétations, comme Michel Leiris.

     

    Une édition de la Pléiade paraît en 1996, précédant de trois ans le décès de Nathalie Sarraute.

     

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  • Dernier roman publié par Claude Simon, en 2001, le Tramway est aussi l’un des plus courts. Le lecteur familiarisé avec l’œuvre de Claude Simon y retrouve ses longues phrases descriptives, destinées à représenter des pans de ses souvenirs dans un style toujours soutenu. A l’occasion de ce dernier opus, Claude Simon met en scène ses trajets en tramway, au cours de son adolescence, dans la ville de Perpignan.

    Le tramway y reliait le centre-ville à la plage, en assurant le ramassage scolaire. Claude Simon était attentif aux infimes événements qui pouvaient marquer le trajet, ainsi qu’à la maîtrise du conducteur de ce véhicule si étonnant et attirant aux yeux des enfants qui l’empruntaient quotidiennement. Le jeune Claude Simon y observait les passagers qui dévoilaient au cours de ces trajets des facettes de leur personnalité, sans se douter qu’un jeune garçon les inscrivait dans sa mémoire, sans encore savoir probablement, qu’un jour il développerait ces infimes souvenirs pour en faire la matière d’un roman.

    Il s’agît en somme de l’adieu d’un écrivain majeur.

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  • L’âge d’homme est l’autobiographie que Michel Leiris entreprit de rédiger dans les années 1930-1935, après la rédaction de L’Afrique fantôme, récit de son voyage en Afrique.

    En 1933, Michel Leiris confia son projet : il devait s’agir d’une totale mise à nu visant à liquider son ancien moi pour bien marquer la rupture avec son existence ancienne, ainsi qu’avec les représentations traditionnelles des écrivains.

    Le récit débute par une confession sexuelle, exposant toutes ses inhibitions. Il comporte quatre parties :

    -         Son autoportrait des années 1934-1935,

    -         La métaphysique de son enfance,

    -         La peinture thématique de l’enfance,

    -         Le regroupement de tout ce qui fait sens.

    A l’exemple de Marcel Proust débutant  à la recherche du temps perdu par l’exposé de son problème du coucher, il ne veut pas de construction linéaire.

    Les derniers chapitres respectent néanmoins une narration plus suivie. La fin est ouverte sur des récits de rêves, souvenirs de la psychanalyse effectuée quelques années plus tôt.

    Le texte global ne comporte pas de conclusion.

    A cette époque Leiris souhaite effectuer une démystification, prenant parti contre les postures des surréalistes, qu’il avait pourtant fréquentés quelques années plus tôt.

    Pour sa part, Michel Leiris s’avoue bourgeois, heureux de la vie, malgré de profondes névroses : en particulier, il se tient pour quasi-impuissant.

    Dans son enfance, Leiris n’a pas reçu une éducation religieuse poussée. Pour combler cette lacune, il s’est construit des croyances spontanées, relatives au Père Noël, qu’il englobe au rapport entre la mort et la vieillesse. En outre, il est resté sensible au problème de l’accouchement.

    Son lien avec l’univers tragique serait né de la fréquentation de l’opéra, sous l’influence de la famille Roussel.

    Il expose notamment le complexe d’Holopherne, en lutte avec Judith et Lucrèce.

    Lucrèce est la femme vertueuse qui dénonce son viol par Tarquin en se plantant un couteau dans le cœur. Quant à Judith, elle séduit Holopherne avant de le décapiter.

    Il existe un rapport aux femmes dominatrices qui fascine Michel Leiris, en lien avec la problématique de la castration. Leiris est obsédé par les blessures. Très jeune il subit l’opération des végétations sans anesthésie et en conserva un souvenir cuisant. Il voit Holopherne comme un symbole de lui-même face à ces femmes. Il considère le Moi comme un tissu de représentations à partir duquel se construit la personnalité. Un autre pan de sa formation est constitué par la psychanalyse. Il pratique les associations comme dans la psychanalyse et marque un fort intérêt à la présence des rêves. Il s’approprie les vers de Guillaume Apollinaire :

    Cette femme était si belle

    Qu’elle me faisait peur.

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