• Traité des opinions des habitants de la Cité vertueuse - Al-Fârâbî

    Au Moyen-âge, la plupart des penseurs écrivent en arabe, quelles que soient leur religion et leurs croyances. Jusqu’au XIVème siècle, ils s’inspirent principalement de la philosophie d’Aristote. L’influence d’Aristote s’exerce dans la plupart des domaines au sein du monde arabe :

    -       La théorie de la science, pour laquelle la pensée d’Aristote est une référence

    -    Les débuts de l’étude de la philosophie : essentiellement la logique, dans laquelle Aristote était considéré comme le grand maître.

    L’étude de Platon ne venait qu’après : elle était enseignée par les néo-platoniciens, qui lisaient Aristote avec les lunettes de Platon.

    Al-Fârâbî, de son vrai nom Abounas Mohamed, qui était d’origine turque, a vécu à Damas, où ses œuvres ont été écrites en syriaque – et non en arabe -, puis à Bagdad, où tous ses textes ont été traduits en arabe, Bagdad étant devenu le principal centre intellectuel entre les 8ème et 18ème siècles.

    Al-Fârâbî, né vers 870 et mort en 950, connaissait plusieurs langues, ce qui lui permettait de lire sans difficulté les textes des philosophes grecs antiques. Pour lui, Aristote et Platon représentaient une même école de pensée, exprimée de façon différente.

    Al-Fârâbî a rédigé un Traité des opinions des habitants de la Cité vertueuse, dans lequel il considère cette cité comme « un corps sain dans lequel tous les organes collaborent afin d’assurer l’accomplissement et la conservation de la vie biologique. »

    Il effectue ainsi un rapprochement entre la vie de la cité et le fonctionnement du corps humain. Cette méthode lui permet de présenter un tableau hiérarchisé des différentes fonctions présentes dans la vie de la cité. Il existe ainsi une hiérarchie de fait que les habitants sont enclins à respecter, en s’assimilant les uns et les autres aux différentes classes de la société. Pour Al-Fârâbî, cette hiérarchie de la société est un reflet du corps humain, dont les fonctions sont hiérarchisées selon le degré de noblesse par lequel elles agissent.

    Au sommet de la hiérarchie figure le chef de la cité vertueuse, qui doit rassembler dans sa personne douze qualités innées. Il est donc très difficile de trouver un homme qui réponde à ces critères.  C’est pourquoi, en cas de carence, un deuxième chef sera nommé, qui devra réunir au moins six conditions :

    -         Être sage ;

    -         Connaître les lois ;

    -      Exceller dans la déduction de ce qui n’a pas été conservé des anciens ;

    -    Avoir une excellente vision et une puissante déduction du présent ;

    -         Exceller dans l’art de diriger par la parole ;

    -      Etre doté d’une excellente fermeté du corps pour entreprendre des actions militaires, et posséder l’art de la guerre.

    Avec Al-Fârâbî, un changement s’opère dans la compréhension de l’éthique. « Alors que l’éthique était avant tout destinée à enseigner aux hommes le détachement d’avec les choses mondaines, elle revêt désormais une dimension politique : le bien fait l’objet de l’éducation, destinée à implanter les vertus dans le cœur des citoyens, comme il l’explique dans le cours de son commentaire de Platon. »

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