• Amkoullel l’enfant peul – Amadou Hampâté Bâ

    Livre de mémoires, essai historique et ethnologique, traité  de morale, Amkoullel l’enfant peul est un concentré de ces différents projets, exposé dans une langue riche et particulièrement fluide.

    Amadou Hampâté Bâ, à l’aube du XXème siècle, à Bandiagara, au Mali, est lié par ses deux lignées parentales aux Peuls du Macina et aux Toucouleurs dirigés à la fin du XIXème siècle par le conquérant El Hadj Omar. Ces deux peuples furent longtemps ennemis, et les conquêtes donnaient lieu à de sévères répressions au sein des populations soumises, avant que le temps et l’influence des colonisateurs, français en l’occurrence dans cette région, parvinssent finalement à une pacification.

    Le jeune Amadou, surnommé Amkoullel, vécut cet antagonisme au sein de sa famille, où il se résolut largement à son avantage, après que son père, décédé très tôt après sa naissance, eut laissé sa mère, forte femme pleine de ressources, dans une situation de veuvage rapidement interrompue par une alliance avec l’un des descendants du conquérant.

    Son beau-père le reconnut comme son enfant et s’occupa de lui autant que les circonstances le lui permirent. Les événements tragiques se multiplièrent durant l’enfance d’Amkoullel, mais celui-ci jouissait d’une nature optimiste et parvint toujours à surmonter chagrins et difficultés. Sa famille déménagea à plusieurs reprises, dans différentes villes de l’immense « Soudan français », devenu le Mali, et les déplacements comportaient le plus souvent une bonne part d’errance à pied dans le désert, outre les chevauchées et les traversées sur le Niger.

    De toutes ces aventures, Amkoullel tira toujours un profit personnel sous la forme d’une sagesse héritée à la fois des coutumes africaines et de la pratique de l’Islam. Obligé de quitter les écoles coraniques qu’il fréquentait dans ses différents domiciles, il fut requis par l’administration coloniale pour aller s’instruire à l’école française, à Djenné, loin de sa famille. Il prit cette contrainte pour une chance et s’engagea énergiquement dans l’école française.

    La culture orale africaine entraînait les jeunes gens dès leur enfance à retenir les longs textes des légendes ou du Coran par cœur, après une unique audition, et à les restituer devant un vaste public. Cette habitude lui servit aussi dans l’apprentissage du français.

    Ainsi cet ouvrage, avec beaucoup d’humour et d’humanité, nous fait découvrir le vieux fonds de la culture de l’Afrique occidentale, les institutions traditionnelles qui la régissent et l’aptitude de ses habitants à prendre le dessus sur les événements tragiques. Ils subirent en particulier l’enrôlement massif de la population masculine pour aller combattre en France au cours de la Première Guerre mondiale.

    Il s’agit, en résumé, d’une très grande leçon de civilisation.

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