• L’Horloger aveugle est un livre de vulgarisation destiné à expliquer le fonctionnement de la théorie  de l’évolution par les moyens de la sélection naturelle, telle qu’elle avait été définie par Charles Darwin.

    Evoquant différentes questions, principalement dans le monde animal, mais aussi dans le domaine végétal, l’auteur s’efforce de démontrer que l’évolution des espèces procède de la sélection naturelle générée le plus souvent par de petites modifications infimes du comportement des espèces, sans aucune intention de la part des agents de ces évolutions. Il peut s’agir d’animaux modifiant à un moment donné leur comportement de façon marginale, évidemment sans se douter des conséquences importantes sur leur existence ultérieure, et, surtout, sur celle de leurs successeurs, de la variante qu’ils peuvent initier sur leurs usages ancestraux.

    Au-delà du monde animal, cette forme d’évolution naturelle concerne aussi la végétation et, en particulier, les forêts, au sujet desquelles l’auteur expose de façon détaillée comment la hauteur des arbres peut se réduire sur toute une population, évidemment sans qu’aucune décision ne soit prise en conscience de cause par les agents végétaux concernés.

    Tout cet essai à visée scientifique doit se lire avec attention pour bien en saisir le fil conducteur, appliqué dans ses différents domaines. Il s’agit véritablement d’un ouvrage de fond, dont la lecture, qui nécessite une forte concentration, risque de modifier profondément l’image de la nature que les lecteurs non familiers de ces sujets  pourraient conserver.

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  • Ce roman est né d’une collaboration entre son auteur et Stanley Kubrick, le réalisateur du célèbre film de science-fiction qui porte le même titre.

    Le roman débute par une description de la survie d’une peuplade primitive d’hommes-singes, qui habite dans une région désertique. Son chef, Guetteur de Lune, mène le groupe tout en cherchant à le protéger des bêtes sauvages et, en particulier, du léopard qui, régulièrement, s’attaque aux membres de la tribu.

    Un jour, un rocher transparent est apparu sur le territoire de la tribu. Ce rocher, doté de dons exceptionnels, provoque les membres de la tribu et notamment Guetteur de Lune. Lors d’une attaque du léopard, la tribu se défend vaillamment et finit par obtenir que celui-ci s’écrase sur le sol, ce qui permet au chef de brandir sa tête découpée, qu’il utilise ultérieurement comme arme pour tuer son rival  Une Oreille.

    Au terme de cette partie préhistorique, le roman évolue vers l’exploration de l’espace. On y voit la lune servant de base intermédiaire à des voyages interplanétaires dans des capsules à la technologie très avancée. Sur cette base, les représentants américains et soviétiques se saluent cordialement, sans manifester le moindre antagonisme.

    Le roman se développe ultérieurement dans l’exploration du système solaire à bord du vaisseau Explorateur 1, dirigé par David Bowman et Frank Poole. Le but de leur mission est de joindre Jupiter. Seulement, pour des motifs inattendus, il est décidé que le vaisseau se laisserait entraîner par la gravitation de la planète pour pousser sa trajectoire jusque vers Saturne.

    A bord du vaisseau se trouvent également des individus placés en hibernation et toute la trajectoire est contrôlée par un ordinateur de bord surpuissant.

    Le roman montre encore un conflit entre les deux membres actifs de l’équipage. A la fin, David Bowman se retrouve solitaire pour mener l’expédition jusqu’à son terme et le lecteur le voit plutôt incertain avant l’achèvement de sa mission.

    Avec toute sa fantaisie, ce roman révèle le talent de l’auteur à sortir du contexte de la vie réelle et à se projeter dans un imaginaire plus ou moins plausible qui, à l’époque de la conquête de la Lune, faisait rêver de nombreux humains.

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    Ce roman évoque le projet de construction d’un pont au-dessus de la Corne d’or, à Istanbul, par Michel-Ange. Dans la réalité, les sources mentionnent bien un projet de pont au-dessus de ce bras de mer, produit par Léonard de Vinci, et cité par l’auteur, mais aucune biographie de Michel-Ange ne mentionne l’investissement de l’artiste dans ce domaine. Il s’agit donc d’une fiction.

    Cela n’atténue en rien l’intérêt du roman qui présente l’artiste destinataire de cette commande d’abord hésitant sur la réalisation à produire, et élaborant à la fin le plan d’un pont, selon la demande du sultan Bayezid II.

    C’est l’occasion pour l’auteur d’introduire toute une série de personnages qui cherchent à se placer dans l’orbite de l’artiste, pour des motifs divers, et de décrire ce dernier comme un individu incertain, tenté par différents comparses turcs, et se prenant finalement au pari qui lui aurait été proposé, ne serait-ce que pour supplanter son rival Léonard.

    Toute cette narration semble ternir quelque peu l’image de Michel-Ange, artiste qui de nos jours paraît avoir largement dominé son époque, le public demeurant la plupart du temps dans l’ignorance de sa vie quotidienne.

    L’auteur prend néanmoins la peine d’évoquer le vif mécontentement du pape Jules II, qui avait commandé la construction de son tombeau à Michel-Ange, et dont le lecteur imagine bien volontiers qu’il aurait été furieux d’apprendre que celui-ci aurait délaissé sa commande pour répondre aux attentes du Sultan, avec lequel il était forcément en délicatesse, pour des motifs tant religieux que politiques.

    Ainsi, avec toute sa fantaisie, ce roman présente beaucoup d’attraits aux amateurs de fictions historiques.

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  • Féerie pour une autre fois prolonge le récit de toute la période de la Seconde Guerre Mondiale, telle que Céline l’avait déjà racontée dans ses précédents romans : D’un château l’autre, Nord et Rigodon.

    Céline évoque de nouveau brièvement la souffrance qui lui a été infligée lors de sa détention au Danemark, mais le thème central du roman est la fin de la guerre, marquée par les bombardements de la RAF sur différents objectifs de la région parisienne.

    Le cœur du roman est la description de la survie des habitants de l’immeuble habité par Céline à Montmartre, lors de ces bombardements.

    Comme toujours dans les romans de Céline, l’écriture est profondément novatrice, avec la déformation des mots, les phrases hachées, les onomatopées et toutes les expressions d’argot que, la plupart du temps, Céline inventait lui-même. Tout au cours de ce long roman, l’auteur a le talent de tenir le lecteur en haleine par cette écriture hors norme et par le caractère fantastique de ses descriptions d’une population tétanisée par les explosions et incapable de se discipliner.

    Céline s’en prend principalement à un artiste habitant l’immeuble, qui serait monté sur le toit et aurait orienté les tirs de la RAF par des signaux qu’il aurait lancés aux pilotes.

    Bien entendu, il n’oublie pas de rappeler sa fonction de médecin et il reste toujours très attaché à sa compagne, la danseuse Lili, qui lors de cet épisode passe beaucoup de temps à rechercher le chat Bébert, revenu avec ses maîtres de son tour de l’Allemagne dans les derniers mois du conflit, tel qu’il a été décrit dans Nord.

    Seulement, tout cet épisode ne se déroule pas comme l’aurait souhaité Céline, en respectant un minimum de discipline. Au contraire, les habitants de l’immeuble cèdent à la panique, empêchant toute organisation un tant soit peu rationnelle de la survie de tous, fournissant à Céline un thème de description de la chienlit généralisée, qu’il sut rendre avec son lyrisme coutumier.

    Ainsi ce roman, quoique moins poignant que les précédents, est un grand exemple de novation littéraire qui, à ma connaissance, n’a pas eu de successeur dans les lettres françaises.

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  • Dans son Livre de la guérison, Avicenne, de son vrai nom Ibn Sina, né en 980 et mort en 1037, grand penseur universel d’origine persane, évoque des questions de métaphysique.

    Il distingue, près de neuf cents ans avant Sartre, l’essence d’une chose de son existence. Cette distinction lui a été inspirée par les réflexions d’Aristote sur la connaissance. Pour ce dernier en effet, si l’on souhaite connaître une chose, il est nécessaire de se demander « si c’est et ce que c’est. »

    Par cette démarche, Avicenne entend distinguer que « la nature de toute chose qui lui est propre est autre que l’existence, qui est synonyme d’affirmation. »

    Cependant, Avicenne reconnaît qu’une chose, ce sur quoi on porte une énonciation, peut néanmoins ne pas exister absolument. En effet, il est possible qu’une chose soit établie dans l’esprit et n’existe pas dans les choses extérieures. »

    Partant de cette réflexion, Avicenne affirme dans son Livre des directives et des remarques, que les jugements moraux sont des propositions acceptées par tous, et non des principes élaborés par la raison.

     

    Tout ce cheminement de la pensée montre qu’Avicenne, en plus de sa lecture de Platon et d’Aristote, s’appuyait sur sa pratique de médecin pour élaborer sa réflexion philosophique propre.  

     

     

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