• Cette nouvelle contient la plupart des thèmes que les lecteurs peuvent être habitués à retrouver dans les œuvres de Joseph Conrad : la navigation, la direction d’un bateau, les relations avec différents intermédiaires maritimes et leurs proches dans les pays les plus éloignés de l’Europe.

    Dans le cas présent, il s’agit d’une île de l’Océan Indien, réputée être la « Perle de l’Océan », dans laquelle la culture de la canne à sucre est la principale activité économique.

    Le capitaine du bateau, dès son arrivée au port, doit négocier avec les hommes d’affaires locaux pour rentabiliser au mieux sa traversée. Dans cette tâche, il n’est guère soutenu par son second qui a l’habitude de le dénigrer.

    Le bateau à peine amarré, la capitaine reçut la visite du shipchandler qui lui avait été recommandé, Mr. Jacobus. Cette visite le prit un peu de court. Le personnage était affable et prêt à lui fournir tous les biens qu’il désirerait pour le négoce de ses mandants. Il poussa l’amabilité jusqu’à inviter le capitaine à son domicile, où il lui présenta sa fille, jeune personne très belle mais peu amène. Mr. Jacobus l’incita néanmoins à revenir régulièrement tenir compagnie à la jeune fille, ce que le capitaine accomplit volontiers, sans bénéficier d’une grande réciprocité de la jeune fille, qui demeurait plutôt hostile au cours de ces visites quotidiennes tenues en présence d’un chaperon très désagréable.

    La jeune fille resta peu communicative malgré les efforts du capitaine, qui finit tout de même par céder à sa séduction.

    Entretemps, Mr. Jacobus proposa une affaire au capitaine, qui l’accepta plutôt à contre cœur, mais n’eut pas à s’en plaindre.

    Ainsi cette nouvelle contient un concentré de presque tous les thèmes habituellement chers à Conrad : la mer bien sûr, mais aussi les relations humaines et les rapports de force qui peuvent en découler.

    Sous un format très réduit, cet ouvrage est un petit chef d’œuvre de précision et même, malgré certains aspects un peu rugueux, de délicatesse.

     

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    Dostoïevski et Conrad

    Le nègre du « Narcisse » - Joseph Conrad

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  • Dans cet essai, Freud, comme il l’avait déjà initié dans Totem et Tabou, entreprend de traiter d’une question de civilisation et d’histoire. Partant de la situation de l’enfant Moïse déposé dans un panier sur les flots du Nil peu après sa naissance, Freud procède à l’analyse de sa biographie.

    Sachant par l’Histoire officielle que le petit Moïse aurait été sauvé des eaux et recueilli par une princesse égyptienne, Freud déduit que l’enfant aurait été élevé à la cour du Pharaon et, selon lui, cet enfant qui bénéficia d’une telle chance, était un petit Egyptien. Le hasard voulut qu’au moment où Moïse bénéficiait de la protection de la princesse, le nouveau Pharaon était Akhenaton, qui fut un grand réformateur de la religion égyptienne, imposant à son peuple l’abandon de la religion traditionnelle au profit d’une nouvelle religion, le culte d’Aton, qui avait la particularité d’être la première religion monothéiste de l’Histoire de l’humanité.

    Le jeune Moïse aurait repris à son compte l’enseignement d’Akhenaton et, observant qu’en Egypte vivait une catégorie de parias nommés « les Juifs », il décida de les prendre en charge pour les conduire vers une terre plus hospitalière et, par la même occasion, de leur enseigner les bienfaits de la religion monothéiste, en vue de les convertir.

    Séduits par le discours de cet homme fort, les Juifs acceptèrent de suivre Moïse en direction de la terre de Canaan. A ce stade, le propos de Freud rejoint le texte biblique. Seulement, au terme de cette migration, excédés par toutes les injonctions que leur adressait leur chef, déjà considéré comme le père de leur peuple, les Juifs emmenés par Moïse décidèrent de le tuer. C’est ainsi que le judaïsme, que les Juifs conservèrent après le meurtre de Moïse, serait la première religion monothéiste fondée sur le thème du meurtre du fils, Moïse pouvant être considéré comme le fils du fondateur Akhénaton.

    Naturellement, cette histoire repose sur un grand nombre d’hypothèses que Freud s’efforce d’étayer à  partir de ses propres découvertes dans le domaine qu’il créa lui-même, la psychanalyse.

    Ainsi, comme dans Totem et Tabou, Freud appuie ses déductions sur les schémas de l’analyse du psychisme, ce qui peut leur conférer une certaine crédibilité, sans qu’aucune démonstration ne puisse en attester la véracité sur le plan historique.

     

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    Deuil et mélancolie – Sigmund Freud

     

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  • Peter Sloterdijk a entrepris de passer en revue «les grandes étapes de la pensée de l’Europe antique et moderne en donnant la parole aux auteurs déterminants eux-mêmes ».

    Ce projet visait à combattre ce que l’auteur nomme la littérature « secondaire », c’est-à-dire les commentaires qui viennent généralement alourdir les éditions des traités de philosophie, à tel point que « le texte réel des réflexions originelles disparaisse partout derrière un maquis impénétrable de commentaires et de commentaires de commentaires. »

    Ce projet me semble intéressant en soi, mais le résultat me laisse un peu sur ma faim. Il consiste en une série de dix-neuf  résumés d’œuvres, très courts, fort bien rédigés, mais qui ne peuvent fournir au profane qu’une idée très vague de la philosophie de chaque auteur traité.

    De surcroît, dans ce tableau dominé par les philosophes allemands, je suis surpris de constater l’absence d’auteurs aussi significatifs que Spinoza, Hobbes ou Rousseau, entre autres. Il n’était certes pas envisageable dans un tel projet d’effectuer un recensement de tous les philosophes depuis les origines, mais la sélection effectuée reste nécessairement discutable.

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  • Invité en 1986, un an après la réception de son Prix Nobel, en compagnie de quatorze autres personnalités de différents pays, à participer à un voyage à Frounze, la capitale du Kirghizistan, - aujourd’hui rebaptisée Bichkek depuis l’indépendance des anciennes républiques soviétiques, Claude Simon a rédigé un compte rendu de son séjour.

    L’écriture de Claude Simon revêt une forme plus classique que dans ses romans pour exprimer les impressions ressenties au cours de ce déplacement, tout en restant somptueuse. Le lecteur peut y ressentir une certaine dose d’agacement de l’auteur, qui dut supporter toutes les visites imposées, en subissant la traduction simultanée de tous les interprètes dans les langues des invités. Il remarque l’aisance du Secrétaire Général du Parti Communiste de l’Union Soviétique, qu’il ne nomme jamais, mais se refuse à tirer des conclusions, politiques ou autres, des rencontres auxquelles il assista, se contentant d’allusions très claires aux fondateurs du régime soviétique et, en particulier, à Staline, dont il ne cite jamais le nom.

    Sans conclusions particulières, ce texte ressemble ainsi à une sorte de reportage sur le quotidien d’une telle visite de groupe de personnalités mondialement connues, dont l’objet semble être de faire reconnaître l’ouverture de cet Etat, encore peu de temps auparavant considéré comme « totalitaire » par la majorité des citoyens des pays démocratiques.

    Cela nous rappelle le voyage effectué par Philippe Sollers, Julia Kristeva et Roland Barthes en Chine dans les années 1970, à la seule différence qu’à ma connaissance, aucun des participants à ce déplacement ne tira un aussi beau compte rendu de son séjour que l’Invitation de Claude Simon.

     

    Autres articles consacrés à Claude Simon :

     


    Le Vent, Tentative de restitution d’un retable baroque – Claude Simon

     

    Le Palace – Claude Simon

     

    La bataille de Pharsale - Claude Simon

     

    La route des Flandres – Claude Simon

     

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  • Vincent, un jeune musicien sans succès, a fait ce qu’il est convenu d’appeler un beau mariage en épousant Laurence, la fille d’un riche homme d’affaires. Il vit aux crochets de son épouse, qui elle-même n’a pas d’activité professionnelle. Seulement, celle-ci est possessive et un brin tyrannique. Vincent est généralement assigné dans un studio dépendant du vaste appartement de ses beaux parents, boulevard Raspail.

    Rapidement, il se rend compte que son épouse ne le laisse pas libre de ses mouvements. Il doit toujours rester à sa disposition, alors même que sa vie à elle est futile et monotone.

    Les années passent et Vincent ressent de plus en plus l’atmosphère étouffante de son existence. Ses prestations musicales ne lui rapportent guère qu’une estime de façade de ses auditeurs occasionnels. Pour se distraire, il compte sur son ami Coriolan, qui l’emmène dans les bars à la mode, sur les champs de courses ou dans les salles de jeux.

    Un jour cependant, un morceau que Vincent a composé est remarqué par les critiques et connaît un grand succès : Vincent  est donc promis à recevoir d’importantes royalties.

    Seulement, son beau-père veille et l’enjoint à signer une clause dans sa banque, imposant la double signature des deux époux sur le moindre chèque émis.

    Ainsi, Vincent ne peut disposer des gains de son activité. Il prend alors pleinement conscience de son aliénation et cherche à y mettre fin. C’est à ce moment où sa vie tend vers l’inconnu que l’inspiration d’un nouvel air de musique lui vient spontanément à l’esprit et qu’il s’oriente ainsi avec une confiance toute neuve vers une nouvelle étape de sa carrière musicale.

    Françoise Sagan a su exprimer cette situation qui, sans doute, doit être relativement fréquente, avec une grande aisance et une ironie sous-jacente qui en révèlent tout le sel.

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