•  

    Alamut est une forteresse située dans le nord de l’Iran. Au XIème siècle, c’est le refuge de la secte chiite des Ismaéliens, dirigée par Hassan Ibn Saba, qui se fait aussi appeler Seiduna. Ce dernier, autoproclamé chef des Haschichins  - ou Assassins – règne en despote sur un groupe de jeunes gens et de jeunes filles entièrement à sa merci.

     

    Doté d’une vive intelligence, Ibn Saba sait aviver l’adhésion de ceux qui vont le rejoindre par la critique des autres pouvoirs islamiques, en particulier celui des Turcs Seldjoukides qui dominent alors toute la région.

     

    Ce dictateur parvient ainsi à anéantir tout sens critique chez ses adeptes, qu’il convainc facilement de sacrifier leur vie pour gagner le paradis. Particulièrement habile, il sait leur donner un avant-goût de celui-ci en les conviant à des nuits de débauche dans les magnifiques jardins aménagés à côté de la forteresse, où les jeunes filles, abandonnant provisoirement les règles religieuses très strictes de la secte, s’offrent aux jeunes gens venus s’enrôler dans le combat contre les ennemis turcs.

     

    Usant de toutes les formes de la mystification, le dictateur pousse ses adeptes à combattre les ennemis et à assassiner traitreusement leurs chefs lorsque le besoin s’en fait sentir.

     

    Ce roman publié en 1938 par un romancier slovène, admirablement exposé, entre évidemment en résonance avec les récents attentats islamistes commis dans nos régions. Il contient une description minutieuse des moyens qui conduisent à retourner totalement la personnalité d’individus ordinaires, tentés par le combat contre les ennemis supposés de la secte, c’est-à-dire ceux que leur chef leur a désignés.

     

    Partager via Gmail

    votre commentaire
  • Novembre est une nouvelle de Flaubert écrite lorsqu’il avait une vingtaine d’années. Fortement influencé alors par le mouvement romantique, initié en France au début du XIXème siècle par Chateaubriand et Musset, Flaubert créa un personnage de jeune homme à peine sorti de l’adolescence, en proie à tous les désirs et toutes les incertitudes déjà décrits par ses prédécesseurs.

    La nouvelle ne fut jamais publiée du vivant de l’auteur : il jugeait qu’elle comportait trop de défauts, et il est incontestable que le lecteur imprégné des romans de la maturité de Flaubert peut être surpris du ton de cette nouvelle.

    Avec toutes les imperfections reconnues par son auteur, elle présente néanmoins un intérêt pour le lecteur actuel, qui peut y voir la première étape de l’écrivain majeur que devint Flaubert.

    La nouvelle présente son jeune antihéros nourri des rêves et des inhibitions déjà présents dans les ouvrages romantiques antérieurs. Il n’hésite pas cependant à recourir à des pages déjà réalistes pour décrire son personnage de jeune prostituée, avide d’amour, à la recherche d’un partenaire à sa mesure, qu’elle croît avoir trouvé en la personne du narrateur.

    Ce tête à tête permet de mesurer l’écart de condition entre les deux protagonistes, la jeune fille déjà tombée dans une situation inextricable, ce qui ne l’empêche pas de rêver néanmoins, et le jeune homme incertain, avide de rencontrer une partenaire capable de lui permettre d’assouvir ses désirs, qui rêve brièvement d’une liaison durable sans en assurer les moyens.

    Ainsi ce texte de jeunesse, loin d’être aussi défectueux que son auteur le prétendait, constitue une bonne introduction à l’œuvre de Flaubert. Le lecteur peut bien se rendre compte de l’évolution nécessaire à l’auteur pour produire une quinzaine d’années plus tard Madame Bovary.

    Partager via Gmail

    votre commentaire
  • Pour son plus long roman, Claude Simon a choisi de reprendre le titre du célèbre poème de Virgile qui traite des travaux de la terre. Comme ce roman évoque en particulier une histoire de la famille de Claude Simon, et que sa famille, au XVIIIème siècle, possédait des terres, il est possible de retrouver la motivation de ce titre : c’est un premier pas.

    Au fil de la narration, le lecteur comprend progressivement qu’il est invité à démêler trois intrigues distinctes, sans transition particulière, si ce n’est qu’à chaque changement d’intrigue, la typographie du texte varie.

    L’une des intrigues relate les principaux événements de la vie du général révolutionnaire Jean-Pierre Lacombe-Saint-Michel, abrégé en LSM. Ce général était un ancêtre de Claude Simon. La seconde intrigue traite de la Guerre d’Espagne, à partir de 1936, et en particulier des milices républicaines dans lesquelles Claude Simon, comme le  romancier britannique George Orwell, s’était engagé. Cet épisode avait déjà été raconté dans le roman Le Palace. Enfin, la troisième intrigue concerne la campagne de 1940 en Lorraine, lors de laquelle Claude Simon avait été mobilisé et qu’il avait déjà évoquée dans son roman La Route des Flandres.

    Ainsi, le lecteur se pénètre progressivement de la construction du roman qui mélange l’Histoire avec un grand H, le vécu de l’auteur et de sa famille et les travaux agricoles au sein de la propriété de l’aïeul.

    C’est l’occasion pour Claude Simon, dans le chapitre consacré à la campagne de 1940, de formuler une critique particulièrement forte de l’impéritie du commandement de l’armée française en 1940. C’est l’une des plus farouches mises en cause de la responsabilité de l’armée qu’on puisse lire, tout à fait comparable par sa puissance à la description du fonctionnement de la même armée par Céline.

    Cependant, le thème central demeure l’épopée familiale et l’action de l’ancêtre LSM, général révolutionnaire et membre de la Convention, qui épousa une femme issue de la noblesse, alors que celle-ci était menacée d’un procès en raison de ses origines aristocratiques.

    Au cours du développement, le lecteur est appelé à lire toute la correspondance que ce général LSM adressa à la gouvernante de sa propriété, surnommée Batti, pour lui donner ses instructions quant à la mise en culture des terres, insistant lourdement sur les quantités de grains et de vin à obtenir, sur le soin à apporter aux haies, sur la taille des acacias et des autres arbres.

    Cette volumineuse correspondance, pimentée de critiques virulentes adressées à la gouvernante, suffit à justifier le titre du roman.

    Dans cette histoire familiale vient encore se greffer une sombre affaire de captage d’héritage et de violation de la dépouille du général après son décès, ainsi que le sort du frère du général, qui ne partageait ni les goûts, ni les choix politiques de son aîné.

    Ainsi le lecteur, qui doit nécessairement conserver son attention tout au long de sa lecture, pénètre cette sombre histoire, magistralement exposée, au fur et à mesure de l’avancée des campagnes militaires et des travaux de la ferme.

     

     

    Autres articles consacrés à Claude Simon :

     


    Le Vent, Tentative de restitution d’un retable baroque – Claude Simon

     

    Le Palace – Claude Simon

     

    La bataille de Pharsale - Claude Simon

     

    La route des Flandres – Claude Simon

     

    L’Invitation – Claude Simon

     

    Partager via Gmail

    votre commentaire
  • Cette nouvelle contient la plupart des thèmes que les lecteurs peuvent être habitués à retrouver dans les œuvres de Joseph Conrad : la navigation, la direction d’un bateau, les relations avec différents intermédiaires maritimes et leurs proches dans les pays les plus éloignés de l’Europe.

    Dans le cas présent, il s’agit d’une île de l’Océan Indien, réputée être la « Perle de l’Océan », dans laquelle la culture de la canne à sucre est la principale activité économique.

    Le capitaine du bateau, dès son arrivée au port, doit négocier avec les hommes d’affaires locaux pour rentabiliser au mieux sa traversée. Dans cette tâche, il n’est guère soutenu par son second qui a l’habitude de le dénigrer.

    Le bateau à peine amarré, la capitaine reçut la visite du shipchandler qui lui avait été recommandé, Mr. Jacobus. Cette visite le prit un peu de court. Le personnage était affable et prêt à lui fournir tous les biens qu’il désirerait pour le négoce de ses mandants. Il poussa l’amabilité jusqu’à inviter le capitaine à son domicile, où il lui présenta sa fille, jeune personne très belle mais peu amène. Mr. Jacobus l’incita néanmoins à revenir régulièrement tenir compagnie à la jeune fille, ce que le capitaine accomplit volontiers, sans bénéficier d’une grande réciprocité de la jeune fille, qui demeurait plutôt hostile au cours de ces visites quotidiennes tenues en présence d’un chaperon très désagréable.

    La jeune fille resta peu communicative malgré les efforts du capitaine, qui finit tout de même par céder à sa séduction.

    Entretemps, Mr. Jacobus proposa une affaire au capitaine, qui l’accepta plutôt à contre cœur, mais n’eut pas à s’en plaindre.

    Ainsi cette nouvelle contient un concentré de presque tous les thèmes habituellement chers à Conrad : la mer bien sûr, mais aussi les relations humaines et les rapports de force qui peuvent en découler.

    Sous un format très réduit, cet ouvrage est un petit chef d’œuvre de précision et même, malgré certains aspects un peu rugueux, de délicatesse.

     

    Autres articles consacrés à Joseph Conrad :

    Lord Jim – Joseph Conrad

    Dostoïevski et Conrad

    Le nègre du « Narcisse » - Joseph Conrad

    Partager via Gmail

    votre commentaire
  • Vincent, un jeune musicien sans succès, a fait ce qu’il est convenu d’appeler un beau mariage en épousant Laurence, la fille d’un riche homme d’affaires. Il vit aux crochets de son épouse, qui elle-même n’a pas d’activité professionnelle. Seulement, celle-ci est possessive et un brin tyrannique. Vincent est généralement assigné dans un studio dépendant du vaste appartement de ses beaux parents, boulevard Raspail.

    Rapidement, il se rend compte que son épouse ne le laisse pas libre de ses mouvements. Il doit toujours rester à sa disposition, alors même que sa vie à elle est futile et monotone.

    Les années passent et Vincent ressent de plus en plus l’atmosphère étouffante de son existence. Ses prestations musicales ne lui rapportent guère qu’une estime de façade de ses auditeurs occasionnels. Pour se distraire, il compte sur son ami Coriolan, qui l’emmène dans les bars à la mode, sur les champs de courses ou dans les salles de jeux.

    Un jour cependant, un morceau que Vincent a composé est remarqué par les critiques et connaît un grand succès : Vincent  est donc promis à recevoir d’importantes royalties.

    Seulement, son beau-père veille et l’enjoint à signer une clause dans sa banque, imposant la double signature des deux époux sur le moindre chèque émis.

    Ainsi, Vincent ne peut disposer des gains de son activité. Il prend alors pleinement conscience de son aliénation et cherche à y mettre fin. C’est à ce moment où sa vie tend vers l’inconnu que l’inspiration d’un nouvel air de musique lui vient spontanément à l’esprit et qu’il s’oriente ainsi avec une confiance toute neuve vers une nouvelle étape de sa carrière musicale.

    Françoise Sagan a su exprimer cette situation qui, sans doute, doit être relativement fréquente, avec une grande aisance et une ironie sous-jacente qui en révèlent tout le sel.

    Partager via Gmail

    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique